Avec plus de 3,8 millions de personnes concernées en 2023, le diabète reste l’une des maladies chroniques les plus répandues en France. Cette pathologie, qui mobilise une part importante des ressources du système de santé, est au cœur des préoccupations de la Cour des comptes. Dans un récent rapport, cette institution met en lumière la nécessité urgente de réformer la prise en charge du diabète. Mais quelles sont les failles du dispositif actuel, et quelles pistes d’amélioration sont envisagées ? Tour d’horizon des recommandations clés.
Une prise en charge coûteuse et complexe à gérer
Le diabète figure en tête des affections longues durées (ALD) en France, ce qui signifie que les patients bénéficient d’une prise en charge à 100 % de leurs soins liés à la maladie. Si ça garantit un accès facilité aux traitements, ça représente aussi un coût significatif pour l’Assurance maladie.
En 2023, les dépenses liées au diabète ont dépassé plusieurs milliards d’euros, englobant :
- Les consultations médicales régulières,
- Les traitements médicamenteux, notamment l’insuline,
- Les dispositifs médicaux comme les lecteurs de glycémie,
- La prévention et la gestion des complications.
Or, la Cour des comptes souligne que ce système, bien que généreux, manque d’efficacité économique. Le suivi des patients est souvent fragmenté, entre médecins généralistes, spécialistes, et établissements hospitaliers, ce qui entraîne des redondances et parfois des ruptures dans la continuité des soins.
Un exemple parlant : en dépit d’un accès facilité, près d’un tiers des patients diabétiques ne parviennent pas à contrôler correctement leur glycémie, exposant à des complications coûteuses et invalidantes. Cette situation questionne l’efficacité de la coordination des soins et la pertinence des parcours actuels.
Repenser la coordination des soins : une urgence sanitaire
L’un des points forts du rapport est l’insistance sur la nécessité d’améliorer la coordination entre les différents acteurs médicaux. Le diabète, maladie chronique par excellence, nécessite un suivi régulier et multidisciplinaire.
- Le diabète affecte plusieurs organes et systèmes, impliquant souvent des spécialistes variés (endocrinologues, cardiologues, ophtalmologues).
- La prévention des complications repose sur un suivi rigoureux et une éducation thérapeutique continue.
- La prise en charge doit être globale, intégrant aussi bien l’aspect médical que le soutien psychologique et éducatif.
Le rapport préconise de renforcer le rôle du médecin traitant comme coordinateur central du parcours patient. Ça passe par :
- Une meilleure communication entre généralistes et spécialistes,
- Le recours accru aux outils numériques pour le partage des données médicales,
- La mise en place de parcours de soins personnalisés et standardisés.
Cette réforme viserait à limiter les soins redondants, à fluidifier les échanges, et surtout à garantir un suivi de qualité, en temps réel.
Vers une prévention renforcée et une éducation thérapeutique innovante
La Cour des comptes rappelle que la prévention est la clé pour limiter l’explosion du nombre de cas et la gravité des complications. Pourtant, elle constate que les initiatives actuelles restent insuffisantes.
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) est essentielle pour permettre aux personnes diabétiques de mieux gérer leur maladie au quotidien. Mais :
- L’accès à l’ETP est inégal selon les régions,
- Les programmes manquent parfois de personnalisation,
- Le suivi post-atelier est souvent négligé.
Les défis liés à l’accès à l’éducation thérapeutique du patient (ETP) soulèvent des questions cruciales sur l’efficacité des programmes actuels. En effet, l’inégalité régionale dans l’accès à l’ETP, la personnalisation des programmes souvent insuffisante, et un suivi post-atelier qui laisse à désirer sont autant de problématiques à prendre en compte. Pour enrichir le débat autour de ces enjeux, il est intéressant de considérer les implications financières évoquées dans l’article L’Assurance-maladie met sur la table 3,9 milliards d’euros d’économies pour 2026, qui souligne l’importance d’une allocation efficace des ressources dans le domaine de la santé.
Face à ces enjeux, il devient impératif de réfléchir aux solutions qui pourraient être mises en œuvre pour améliorer l’EPT. Les recommandations de la Cour, qui suivent cette analyse, pourraient offrir des pistes intéressantes pour surmonter ces obstacles et garantir un accès équitable à tous les patients. Il est essentiel de poursuivre ce dialogue pour transformer ces défis en opportunités.
Pour répondre à ces défis, la Cour recommande :
- Le développement d’outils numériques interactifs, adaptés à tous les profils,
- L’intégration des nouvelles technologies (applications mobiles, objets connectés),
- La formation renforcée des professionnels de santé à l’accompagnement éducatif.
Ces mesures pourraient transformer l’ETP en un véritable levier pour l’autonomie des patients.
Par ailleurs, la prévention primaire – c’est-à-dire la réduction des facteurs de risque avant l’apparition de la maladie – mérite une attention accrue. Ça passe par des campagnes publiques ciblées sur :
- L’alimentation équilibrée,
- L’activité physique régulière,
- La lutte contre le surpoids et l’obésité.
La Cour invite les pouvoirs publics à investir davantage dans ces actions, pour freiner la progression du diabète de type 2, majoritaire en France.
Optimiser les dépenses sans compromettre la qualité des soins
Un autre volet majeur des recommandations porte sur la maîtrise des coûts liés à la prise en charge du diabète.
Le système de santé doit concilier deux impératifs :
- Offrir aux patients les traitements et technologies les plus performants,
- Garder le contrôle sur les dépenses publiques.
Dans ce contexte, la Cour propose :
- Une évaluation plus rigoureuse de la pertinence des prescriptions,
- Une rationalisation des dispositifs médicaux remboursés,
- Le recours à des génériques et biosimilaires quand ça est possible.
La prise en charge ciblée des patients à haut risque de complications est également mise en avant. Par exemple :
- Les patients avec des antécédents cardiovasculaires,
- Ceux présentant des troubles rénaux ou oculaires.
Un suivi renforcé de ces profils permettrait d’éviter des hospitalisations coûteuses et d’améliorer la qualité de vie.
Le rapport de la Cour des comptes met le doigt sur un paradoxe : la France dispose d’un système de prise en charge du diabète généreux mais perfectible. Entre coûts exponentiels, coordination insuffisante et prévention à renforcer, il est clair que le statu quo n’est plus tenable.
Les recommandations formulées dessinent une réforme ambitieuse, centrée sur une meilleure coordination, une prévention active, et une gestion plus fine des dépenses. Mais attention, comme le dit l’adage, “Mieux vaut prévenir que guérir”, surtout quand il s’agit de diabète ! Reste à voir comment ces propositions seront traduites en actions concrètes dans les mois à venir, pour transformer ce rapport en bénéfices tangibles pour les millions de patients concernés.






